« Parler de la liberté n’est qu’une autre manière de parler de l’hypnose ou de la définir », « L’apprentissage de la liberté », intervention au colloque de l’AFEHM, 2007 C’est sur la notion de liberté, et il ne pouvait en être autrement, que nous refermons cette rubrique consacrée à quel - ques éléments de la pensée de François Roustang. Il conviendrait de poser un point d’orgue sur cette dernière note de sorte que chacun prolonge à sa guise ses lectures ou ses explorations concernant ce que l’on appelle l’hypnose et déploie à l’infini sa propre liberté. En effet, « liberté » est sans nul doute un maître mot logé dans tous les interstices de la pensée, des écrits et de la posture de notre auteur.
Le mot « liberté » désigne une clef essentielle, précieuse, unique : celle qui ouvre sur tous les possibles, même les plus inimaginables, et qui referme, pour les abandonner définitivement, les espaces déterminés par des raisonnements ou rhétoriques englués dans quelques dogmes différemment avoués. François Roustang révèle, dans l’intervention citée plus haut, la portée décisive à ses yeux de la pratique de l’hypnose : l’effectuation d’un exercice de liberté. Mais qu’est-ce que la liberté du thérapeute, et du patient, pour François Roustang ? En quoi l’hypnose est-elle liberté ? « Un thérapeute ne peut maintenir sa position d’hypnotiseur que s’il a fait sienne l’expérience d’une certaine liberté au sein même de son travail. » Cette expérience de liberté s’exerce sur deux plans, explique-t-il.
Etre libre est tout d’abord ne se préoccuper « ni des résultats ni des moyens » d’une thérapie. Pour qu’une modification ait lieu, dit-il, le thérapeute se doit d’être indifférent à la réussite ou à l’échec de son travail. De plus, il fait fi de toutes techniques ou stratégies acquises, tout comme d’un quelconque diagnostic. La liberté du thérapeute est ainsi ne rien vouloir, ne rien « choisir », ne rien savoir. En effet, pour que l’expérience de l’hypnose ait lieu, en transe rien ne doit entraver la circulation de tous les possibles. Les moindres intentions, volontés, hypothèses ou procédures rigidifient le contexte et mettent à mal l’expérience de la plongée dans la perception généralisée, là où « tout circule ». La liberté conditionne donc l’effectuation de l’hypnose tandis que la liberté du thérapeute, on le voit, est d’abord le fruit d’un renoncement. Mais voici a priori une position bien intenable. Thérapeute, comment être indifférent aux résultats ? Comment ne pas tenir compte de ses apprentissages ou de ses supposés savoirs ? Comment vouloir « aider » et ne pas en attendre quelque succès ? En réponse, François Roustang revient sur la pierre angulaire de son modèle du monde qui soustend, selon lui, la dynamique de l’hypnose : l’existence de deux modes de perception. C’est en effet parce que le thérapeute se place sur ces deux niveaux à la fois, celui de la perception habituelle focalisée et celui de la perception généralisée ouverte à tout, que la « cohabitation » des deux postures opposées peut se faire.
Si le thérapeute est centré sur sa mission dans le registre de la perception habituelle, dans la perception généralisée, lieu de toutes les indéterminations, il est libre de ne rien vouloir. C’est aussi parce qu’il se situe sur ces deux niveaux à la fois que le thérapeute peut renoncer à chercher comment ou quoi faire. Certes, il a dans le monde de la perception habituelle bien des acquis professionnels, mais dans la transe, le thérapeute se laisse absorber : son savoir disparaît et ses apprentissages, partie intégrante du contexte, ne « lui appartiennent plus ». Quel est donc le support de cette liberté en transe ? La présence, l’attention extrême, l’attente neutre, rappelle François Roustang.
Le thérapeute libre est celui qui ne s’appuie sur aucune volonté, certitude ou savoir. La formule ainsi se renverse : si la liberté est la condition de la transe, la transe est le lieu de la liberté car « elle est ouverture à un lieu où rien n’est déterminé, où tout est possible ».
Le mot « liberté » désigne une clef essentielle, précieuse, unique : celle qui ouvre sur tous les possibles, même les plus inimaginables, et qui referme, pour les abandonner définitivement, les espaces déterminés par des raisonnements ou rhétoriques englués dans quelques dogmes différemment avoués. François Roustang révèle, dans l’intervention citée plus haut, la portée décisive à ses yeux de la pratique de l’hypnose : l’effectuation d’un exercice de liberté. Mais qu’est-ce que la liberté du thérapeute, et du patient, pour François Roustang ? En quoi l’hypnose est-elle liberté ? « Un thérapeute ne peut maintenir sa position d’hypnotiseur que s’il a fait sienne l’expérience d’une certaine liberté au sein même de son travail. » Cette expérience de liberté s’exerce sur deux plans, explique-t-il.
Etre libre est tout d’abord ne se préoccuper « ni des résultats ni des moyens » d’une thérapie. Pour qu’une modification ait lieu, dit-il, le thérapeute se doit d’être indifférent à la réussite ou à l’échec de son travail. De plus, il fait fi de toutes techniques ou stratégies acquises, tout comme d’un quelconque diagnostic. La liberté du thérapeute est ainsi ne rien vouloir, ne rien « choisir », ne rien savoir. En effet, pour que l’expérience de l’hypnose ait lieu, en transe rien ne doit entraver la circulation de tous les possibles. Les moindres intentions, volontés, hypothèses ou procédures rigidifient le contexte et mettent à mal l’expérience de la plongée dans la perception généralisée, là où « tout circule ». La liberté conditionne donc l’effectuation de l’hypnose tandis que la liberté du thérapeute, on le voit, est d’abord le fruit d’un renoncement. Mais voici a priori une position bien intenable. Thérapeute, comment être indifférent aux résultats ? Comment ne pas tenir compte de ses apprentissages ou de ses supposés savoirs ? Comment vouloir « aider » et ne pas en attendre quelque succès ? En réponse, François Roustang revient sur la pierre angulaire de son modèle du monde qui soustend, selon lui, la dynamique de l’hypnose : l’existence de deux modes de perception. C’est en effet parce que le thérapeute se place sur ces deux niveaux à la fois, celui de la perception habituelle focalisée et celui de la perception généralisée ouverte à tout, que la « cohabitation » des deux postures opposées peut se faire.
Si le thérapeute est centré sur sa mission dans le registre de la perception habituelle, dans la perception généralisée, lieu de toutes les indéterminations, il est libre de ne rien vouloir. C’est aussi parce qu’il se situe sur ces deux niveaux à la fois que le thérapeute peut renoncer à chercher comment ou quoi faire. Certes, il a dans le monde de la perception habituelle bien des acquis professionnels, mais dans la transe, le thérapeute se laisse absorber : son savoir disparaît et ses apprentissages, partie intégrante du contexte, ne « lui appartiennent plus ». Quel est donc le support de cette liberté en transe ? La présence, l’attention extrême, l’attente neutre, rappelle François Roustang.
Le thérapeute libre est celui qui ne s’appuie sur aucune volonté, certitude ou savoir. La formule ainsi se renverse : si la liberté est la condition de la transe, la transe est le lieu de la liberté car « elle est ouverture à un lieu où rien n’est déterminé, où tout est possible ».
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Dialogue stratégique pour le changement thérapeutique. Gregory LAMBRETTE
« La vie est encore elle-même un thérapeute très efficace. » Karen HORNEY
LIMINAIRES
« Savoir écouter, oser intervenir », telles sont les qualités premières du thérapeute stratégique selon John Weakland, l’une des figures de proue de l’école de Palo Alto
Protections dissociatives. Gérald BRASSINE
ANESTHÉSIANTS POUR L’HYPNOTHÉRAPIE DU TRAUMA. Une bonne compréhension de l’hypnose est centrale pour saisir les mécanismes hypnotiques qui sont à l’oeuvre dans la création des états, tellement douloureux, de stress post-traumatiques (ESPT).
Note Dixième selon François Roustang
« Parler de la liberté n’est qu’une autre manière de parler de l’hypnose ou de la définir », « L’apprentissage de la liberté », intervention au colloque de l’AFEHM, 2007 C’est sur la notion de liberté, et il ne pouvait en être autrement, que nous refermons cette rubrique consacrée à quelques éléments de la pensée de François Roustang.
Entrée dans l’IRM
Dr JUANA PELAEZ PEREZ. Médecin anesthésiste-réanimateur au Centre hospitalier de Tolède en Espagne, formée à l’hypnose médicale à Paris VI. Pour elle, l’hypnose est un complément de travail qui aide les patients à améliorer leur adhésion aux soins médicaux. Et l’utilisation de l’hypnose en complément crée dans l’équipe médicale une atmosphère de travail en harmonie.
Le garde-barrière de l’intestin. Exemple de protocole.Jean-Christophe LE DANVIC
Lorsqu’un patient m’est adressé par un médecin pour des douleurs de dos, il peut bénéficier de quinze séances d’une demi-heure, plus de sept heures de soins. La relation patient/thérapeute peut cependant aller plus loin que les simples techniques de massage ou d’étirement utilisées habituellement en kinésithérapie.
Hypnose et urgences pré-hospitalières.
« Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint », disait Montaigne.
FRÉDÉRIC DOLLET Infirmier anesthésiste au Samu 59 à Lille. Titulaire du DU d’Hypnose de la Faculté de Lille.
Éditorial Sophie COHEN et Henri BENSOUSSAN
Pourquoi cette thématique ? En écho au dernier congrès de la Confédération francophone d’Hypnose et de Thérapies brèves (CFHTB) qui s’est tenu à Montpellier en mai dernier, où nous avions alors, Henri Bensoussan et moi-même, animé une table ronde sur ce sujet.
Conscience, placebo et réalité virtuelle Sophie COHEN et Henri BENSOUSSAN
Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°55
Pour débuter notre article, nous vous proposons quelques définitions. Car même s’il est complexe de définir des notions en constante évolution, il nous semble essentiel pour débuter de s’intéresser aux notions suivantes : conscience, placebo, effet placebo, réalité virtuelle.
La réalité virtuelle au bloc opératoire. Des expériences sans suite. Dr Marc GALY
J’ai utilisé les casques de réalité virtuelle en janvier 2017 au bloc opératoire pour des interventions sous anesthésies locales et locorégionales, mineures et relativement courtes (varices). Dans ces expériences, le casque n’a pas répondu aux besoins du patient et n’a pas installé la relation thérapeutique basée sur une présence partagée.
L’alliance hypnose et yoga nidra. Une mise en résonance avec le patient. Dr Gérard VIGNERON.
Gérard Vigneron, médecin, a expérimenté des pratiques complémentaires à l’hypnose. Il nous parle de ses expériences qui, aux frontières du réel, interrogent notamment la notion de conscience locale.
Pas de panique ! Dr Stefano Colombo, Revue Hypnose et Thérapies brèves 55
« Je ne vais pas écrire que je ne mens pas. »
Cette phrase n’a pas été la phrase que Frédéric n’avait pas prononcée lors de la réception que l’entreprise Communication & Clarté SA n’avait pas voulu organiser.
La crêpe, et papa à gauche. Dr Adrian CHABOCHE et Virginie NAVINEL, orthophoniste
Voici un voyage dans les méandres labyrinthiques de la complexité merveilleuse de notre cerveau. Cette situation clinique est proposée par une lectrice de la revue, orthophoniste spécialisée dans la rééducation des adultes. Madame S.
Histoire de l'Hypnose. Didier MICHAUX
Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ce sujet, l’hypnose, il n’y avait que très peu de thérapeutes faisant appel à cette pratique. Le plus célèbre était le Dr Léon Chertok, psychiatre dirigeant le service de médecine psychosomatique de l’Elan Retrouvé, auteur du livre L’Hypnose, un des rares livres, alors récent, parlant de ce sujet. En fait, le mot n’évoquait que le music-hall et en général les parasciences pour la plupart des gens.
Les grands entretiens: Gérard OSTERMANN interviewé par Gérard FITOUSSI
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Dialogue stratégique pour le changement thérapeutique. Gregory LAMBRETTE
« La vie est encore elle-même un thérapeute très efficace. » Karen HORNEY
LIMINAIRES
« Savoir écouter, oser intervenir », telles sont les qualités premières du thérapeute stratégique selon John Weakland, l’une des figures de proue de l’école de Palo Alto
Protections dissociatives. Gérald BRASSINE
ANESTHÉSIANTS POUR L’HYPNOTHÉRAPIE DU TRAUMA. Une bonne compréhension de l’hypnose est centrale pour saisir les mécanismes hypnotiques qui sont à l’oeuvre dans la création des états, tellement douloureux, de stress post-traumatiques (ESPT).
Note Dixième selon François Roustang
« Parler de la liberté n’est qu’une autre manière de parler de l’hypnose ou de la définir », « L’apprentissage de la liberté », intervention au colloque de l’AFEHM, 2007 C’est sur la notion de liberté, et il ne pouvait en être autrement, que nous refermons cette rubrique consacrée à quelques éléments de la pensée de François Roustang.
Entrée dans l’IRM
Dr JUANA PELAEZ PEREZ. Médecin anesthésiste-réanimateur au Centre hospitalier de Tolède en Espagne, formée à l’hypnose médicale à Paris VI. Pour elle, l’hypnose est un complément de travail qui aide les patients à améliorer leur adhésion aux soins médicaux. Et l’utilisation de l’hypnose en complément crée dans l’équipe médicale une atmosphère de travail en harmonie.
Le garde-barrière de l’intestin. Exemple de protocole.Jean-Christophe LE DANVIC
Lorsqu’un patient m’est adressé par un médecin pour des douleurs de dos, il peut bénéficier de quinze séances d’une demi-heure, plus de sept heures de soins. La relation patient/thérapeute peut cependant aller plus loin que les simples techniques de massage ou d’étirement utilisées habituellement en kinésithérapie.
Hypnose et urgences pré-hospitalières.
« Qui craint de souffrir, souffre déjà de ce qu’il craint », disait Montaigne.
FRÉDÉRIC DOLLET Infirmier anesthésiste au Samu 59 à Lille. Titulaire du DU d’Hypnose de la Faculté de Lille.
Éditorial Sophie COHEN et Henri BENSOUSSAN
Pourquoi cette thématique ? En écho au dernier congrès de la Confédération francophone d’Hypnose et de Thérapies brèves (CFHTB) qui s’est tenu à Montpellier en mai dernier, où nous avions alors, Henri Bensoussan et moi-même, animé une table ronde sur ce sujet.
Conscience, placebo et réalité virtuelle Sophie COHEN et Henri BENSOUSSAN
Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°55
Pour débuter notre article, nous vous proposons quelques définitions. Car même s’il est complexe de définir des notions en constante évolution, il nous semble essentiel pour débuter de s’intéresser aux notions suivantes : conscience, placebo, effet placebo, réalité virtuelle.
La réalité virtuelle au bloc opératoire. Des expériences sans suite. Dr Marc GALY
J’ai utilisé les casques de réalité virtuelle en janvier 2017 au bloc opératoire pour des interventions sous anesthésies locales et locorégionales, mineures et relativement courtes (varices). Dans ces expériences, le casque n’a pas répondu aux besoins du patient et n’a pas installé la relation thérapeutique basée sur une présence partagée.
L’alliance hypnose et yoga nidra. Une mise en résonance avec le patient. Dr Gérard VIGNERON.
Gérard Vigneron, médecin, a expérimenté des pratiques complémentaires à l’hypnose. Il nous parle de ses expériences qui, aux frontières du réel, interrogent notamment la notion de conscience locale.
Pas de panique ! Dr Stefano Colombo, Revue Hypnose et Thérapies brèves 55
« Je ne vais pas écrire que je ne mens pas. »
Cette phrase n’a pas été la phrase que Frédéric n’avait pas prononcée lors de la réception que l’entreprise Communication & Clarté SA n’avait pas voulu organiser.
La crêpe, et papa à gauche. Dr Adrian CHABOCHE et Virginie NAVINEL, orthophoniste
Voici un voyage dans les méandres labyrinthiques de la complexité merveilleuse de notre cerveau. Cette situation clinique est proposée par une lectrice de la revue, orthophoniste spécialisée dans la rééducation des adultes. Madame S.
Histoire de l'Hypnose. Didier MICHAUX
Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ce sujet, l’hypnose, il n’y avait que très peu de thérapeutes faisant appel à cette pratique. Le plus célèbre était le Dr Léon Chertok, psychiatre dirigeant le service de médecine psychosomatique de l’Elan Retrouvé, auteur du livre L’Hypnose, un des rares livres, alors récent, parlant de ce sujet. En fait, le mot n’évoquait que le music-hall et en général les parasciences pour la plupart des gens.
Les grands entretiens: Gérard OSTERMANN interviewé par Gérard FITOUSSI