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Creuser le vide Dr Sylvie LE PELLETIER-BEAUFOND

Revue Hypnose & Thérapies Brèves n°57



Creuser le vide Dr Sylvie LE PELLETIER-BEAUFOND
Un patient vient en consultation sans vraiment savoir que faire ou que vouloir face aux difficultés de son couple.

Difficultés supportées pendant de longues années ou plutôt ignorées. A la suite de la première séance d’hypnose, il se sent fort, différent. Un vide, dit-il, l’a traversé « tout le long de son corps tel un souffle qui le rend vivant ». Dénué d’intentions réelles, un peu perdu, prêt à tout recevoir, en transe ce patient a accueilli cette sensation, sans inquiétude. Sa vie prend par la suite une autre coloration, une détermination se fait jour : il « ouvre les yeux » et met en place de nouvelles résolutions, modifie sa place dans le couple, provoque le changement dans la relation, pose des limites, invite à la réflexion, fait des propositions. Une chose est sûre, il ne veut plus de cette répétition néfaste dans son couple.

Que s’est-il passé ? Quelques heures après la séance, raconte-t-il, alors qu’il se reposait dans un lieu apaisant, il a « revisité », de manière tout à fait inattendue, la relation avec son père qu’il avait toujours considérée comme très mauvaise voire inexistante. Tout lui est revenu : les moments passés avec lui, les cadeaux que celui-ci lui rapportait, les complicités muettes… A la faveur de ce regard neuf, il ressent qu’il s’est sans doute trompé, que son père, à sa manière certes, n’a pas cessé de lui montrer qu’il l’aimait. Le vide, éprouvé en séance, en se creusant, a ouvert d’autres possibles. Le vide s’est rempli d’abord du sentiment d’être vivant. Puis il est devenu, presque par inadvertance, le réceptacle de perceptions auxquelles le patient ne s’attendait pas, sans lien apparent avec ce pourquoi il était venu. Le contexte a fait son oeuvre grâce la disponibilité présente : éclairée par celui-ci, la situation actuelle a été vue autrement, des éléments déterminants, saillants, mais jusqu’alors invisibles, sont apparus. L’univers du patient s’est alors transformé. Le patient, mû par ce qu’il a perçu, a changé de regard, de position. Il n’entre plus dans certaines répétitions.

Nul besoin de compréhension, d’interprétation, un autre rapport au monde, à ses relations, à son couple s’est établi. « Que faire et comment faire pour qu’une existence soit modifiée, de quelle modification peut-il s’agir, qu’est-ce qui se trouve à son principe, qu’est-elle en droit d’exiger de la part du thérapeute et de la part du patient ? », interroge François Roustang dans un de ses ouvrages. « D’abord, se débarrasser du narcissisme dans la pratique et de la psychologie dans la théorie, ensuite, creuser le vide par le jeu et par l’attente, enfin participer à l’histoire de la vie et aux rites où elle s’incarne dans le quotidien. » En cela, précise-t-il plus concrètement, il faut dessiner trois temps distincts : celui de la distraction pour suspendre l’action, celui du vide « de pensée et de sentiment », là où tout est arrêté mais rien n’est encore réalisé, et le temps de l’acte quand la personne investie dans sa position, au coeur de son système relationnel, en a reçu « l’influx ». Le vide, sous différents aspects, origine, contenant ou agent, est en réalité un élément central de la thérapie par l’hypnose. Il en est le pivot, comme le souligne ici François Roustang qui, un temps, se rapprochera de la pensée chinoise dans laquelle ce concept est fondamental.

« SE DÉBARRASSER DU NARCISSISME DANS LA PRATIQUE ET DE LA PSYCHOLOGIE DANS LA THÉORIE »

Voilà, en préalable à l’hypnose, la première et double opération qui annonce le vide qu’il convient de laisser s’installer. Il s’agit de se défaire de toutes les pensées construites sur soi. Non que ce soit là un but mais un moyen d’accéder à la « participation », c’est-à-dire l’entrée dans le monde des perceptions pour renouveler la mise en relation avec le contexte présent. Pour certains, chaque individu est défini par les relations que celui-ci entretient avec ce qui l’entoure. En sorte que c’est le tissu constitué par l’ensemble de ces relations qui porte l’individu, dénué lui-même d’existence propre. C’est en cela sans doute que François Roustang affirme : « Je n’existe pas, je ne suis que relation ».

Quand, par l’hypnose, chacun est relié à l’ensemble des éléments présents, le contexte dans lequel il est plongé redevient socle, guide, il initie une transformation. Le sujet de fait n’est plus, n’agit plus, ne veut plus, il est agi par l’entour. Fin du narcissisme. C’est ce que ce patient évoqué précédemment sans doute vit : las, perdu, sans plus de volonté, il « laisse se faire ». Vide de son être en tant que sujet agissant, il n’a plus de volonté, ni de regard sur lui, il ne cherche plus. Il est là, plongé dans son environnement qui le pousse doucement vers une autre position, une autre place. Cette première opération se double d’une autre toute aussi importante, celle qui con - siste à accueillir ce qui est, sans y chercher de cause ou d’explication. C’est, on pourrait dire, laisser tel quel « l’inconnaissable » d’une situation toujours complexe, sans tenter de le recouvrir de quelque hypothèse, diagnostic, théorie ou dogme.

« SE VIDER DE TOUT CE QUI NOUS RENDAIT ABSENT »

La vacuité qui opère dans le second temps de la cure hypnotique revêt elle-même deux aspects. Le premier, caractéristique pour certains de la pratique de l’hypnose, est celui obtenu en se libérant des préoccupations qui n’ont pas de rapport avec le présent. « Pour se rendre présent, il faut se vider de tout ce qui nous rendait absent. » Cette formule percutante n’illustre cependant que l’ébauche d’un mouvement beaucoup plus vaste dans lequel le patient est entraîné par l’hypnose. Plus loin, un vide fondamental se profile : « celui provoqué par la mise en suspens de nos repères coutumiers, de nos préjugés, de nos habitudes de penser ou d’agir ». Il annonce un saut dans l’inconnu, comme lorsque l’on perd tout appui, lorsque le sol des certitudes, des fonctionnements habituels, des expériences passées se dérobe sous les pas. Si on se laisse porter dans ce vide, si l’angoisse ou la crainte éventuelles sont vaincues ou ignorées, alors s’ouvre l’accès à d’autres possibles, à d’autres manières de se situer dans l’existence. C’est là un véritable saut qui ouvre à de nouveaux horizons, d’autres contrées : « Ce vide qui est en réalité un plein va remodeler notre manière d’être au monde et nous rendre capables de con sidérer les choses et les êtres avec des yeux neufs. »

LE VIDE DE L’EXPÉRIENCE HYPNOTIQUE EST PRÉLUDE À TOUTES LES POSSIBILITÉS

Contenant, le vide permet en effet que se manifeste son pendant, le plein. Le Vide se conjugue avec le Plein, comme le Non-Avoir avec l’Avoir, le Rien avec la Totalité. « Si d’une motte de glaise on façonne un vase, c’est le vide en lui qui en fait l’usage », dit François Cheng, évoquant ce concept dans la pensée taoïste. De même, c’est en creusant le vide jusqu’à son extrémité en hypnose que tous les possibles y prendront place. Le Vide est « le lieu par excellence où s’opèrent les transformations, (…) constamment capable de répondre, de correspondre, de s’adapter », précise François Jullien en référence à la pensée chinoise. Creuser le vide en hypnose est alors repousser les limites à l’infini afin d’y loger toutes les perceptions, de sculpter la disponibilité nécessaire pour que viennent s’y inscrire de nouvelles correspondances, s’y créer de nouveaux liens, s’y dessiner quelques ouvertures inattendues. Le vide en se creusant devient alors énergie, tel « un souffle qui pénètre tout et anime tout », comme il l’est exprimé dans la pensée orientale. Le mouvement qui préside au changement, le geste qui, en se déployant, change le relief du présent, prennent naissance dans ce suspens hypnotique exempt de tout. C’est enfin dans l’action, le troisième temps, exprime François Roustang, que se manifeste l’ultime figure du vide. Lorsqu’on est tout entier absorbé par une tâche à accomplir, la pensée disparaît dans le geste qui est à l’oeuvre. On est alors vide, par un « trop-plein d’attention ».

« ETRE PLEIN DE TOUT ET DE N’IMPORTE QUOI, MAIS VIDE DE DÉTERMINATIONS »

La thérapie par l’hypnose est donc, pour part, l’expérience du vide multiple et un. Au thérapeute d’abord de faire cette expérience afin d’y entraîner avec fermeté et assurance son patient. Si l’expérience du vide est l’art de jouer avec les perceptions, les apprentissages, la présence ou l’absence, elle suppose également l’attente. Dans celle-ci, le thérapeute n’est pas indifférent, il n’est pas neutre non plus mais sans préalable, sans projet, ou plus exactement « son projet doit être vide de toute perspective d’effectuation et de moyen de l’obtenir », dit François Roustang. C’est pourquoi, lorsque quelqu’un souffre d’un problème, il s’agit de lui proposer « d’y faire face ou simplement d’y porter attention et de lui demander d’attendre que la solution, ou du moins un commencement de solution, se fasse jour ». ... Pour lire la suite...

Sylvie LE PELLETIER-BEAUFOND Médecin-psychothérapeute depuis 1991 en libéral. Elle est également thérapeute systémique de famille et de couple. Elle intervient dans le champ professionnel, universitaire. Formatrice, elle reçoit des professionnels en supervision. Formée par Jean Godin à l’Institut Milton Erickson de Paris et par Mony Elkaïm, sa pratique clinique s’inspire de la pensée de François Roustang. 􀀀Sylvie Le Pelletier-Beaufond est membre du Cercle d’Hypnose contemporaine, de l’Institut Milton Erickson Ile-de- France, et membre de la Société française de Thérapie familiale.




Rédigé le Mardi 26 Mai 2020 modifié le Mardi 22 Septembre 2020
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Laurent Gross
Vice-Président de France EMDR-IMO ® Président du Collège d'Hypnose et Thérapies Intégratives de... En savoir plus sur cet auteur





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